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Allocution de Thierry Leroux-Demers (fils)

Prononcée le 12 février 2017 aux funérailles de Pierre Demers


Chers amis, bonjour.

Certains d’entre vous ne me connaissent pas : je suis le père de Shani, le fils cadet de Pierre Demers. Alors qu’il avait 51 ans, 7 mois et 13 jours, je venais au monde. Dans les 51 ans, 7 mois et 12 jours précédents, Pierre Demers avait déjà réalisé bien des choses.

Il était déjà le père de ce qui était à l’époque la seule méthode d’observation des particules élémentaires; il était de facto le père de la physique québécoise, le père du premier centre de recherches nucléaires à l’Université de Montréal, le père d’une première génération de scientifiques québécois.

Et puis il a été mon père. Comme tout le monde, j’étais alors un petit bout d’choux dont il devrait s’occuper pendant des années. Dès le début, il se levait la nuit pour calmer mes pleurs ou changer mes couches. Quand les médecins l’ont recommandé, il s’occupait consciencieusement de m’alimenter suffisamment en céréales et autres purées. Il a choisi pour moi des écoles qui devaient me permettre de m’épanouir au mieux. Il m’amenait avec mes frères, surtout le dimanche, faire des activités aussi diverses que grimper sur de la machinerie lourde à la carrière d’Oka, faire de la voile à Dorion ou grimper le mont Rougemont. Il suivait avec attention mes progrès scolaires. S’il arrivait difficilement à comprendre qu’on ne m’ait pas inculqué la trigonométrie avant mes 14 ans et même s’il trouvait que les sciences appliquées que j’étudiais à 20 ans ne méritaient pas tout-à-fait le titre de science, il s’efforçait de voir les points positifs dans mon cheminement.

Pour autant, il n’avait pas cessé de se consacrer à sa vie publique. Il a encore été le père du Centre Prospectives, du Centre québécois de la Couleur, de la Ligue Internationale des Scientifiques pour la Langue Française et de ses antennes en France et en Belgique et finalement du système du Québécium.

Avant moi, avant mes frères, mon père appartenait tout entier à la Science, à la francophonie et au Québec. Notre arrivée n’a pas coupé ces liens qui se sont plutôt renforcés avec le temps. J’ai toujours partagé mon père non seulement avec mes frères mais aussi avec vous, avec les grandes familles scientifiques et francophones et avec le Québec tout entier.

Une personne qui se partage de cette façon donne au total beaucoup plus. Il a été mon père sans compromis. Il a aussi été dévoué à la science sans compromis. De même qu’au fait français et à la nation québécoise.

Je suis heureux de partager « Pierre Demers » avec vous. Je partage le père, la personne, le personnage et l’inspiration qu’il continuera, je le souhaite, de représenter pour vous comme pour moi.